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Les Esséniens à l'origine du christianisme
?
Les similitudes
entre l'essénisme et le judéo-christianisme primitif sont
si frappantes qu'elles l'éclairent et passionnent tous ceux qui
s'intéressent aux origines de l'Église chrétienne.
Jean baptisant Jésus dans le Jourdain accomplit le rite essénien
de purification. Les Esséniens étaient très pieux
et pratiquaient le repas fraternel en commun. Persécutés
par les Sadducéens et par les Pharisiens, les Esséniens
se réfugièrent à Damas en 130 avant notre ère,
puis regagnèrent la Judée pour s'établir à
Qumran, au bord de la Mer Morte, en 60 avant notre ère, sous la
protection des Romains. Berceau du christianisme, leur site fut rasé
durant la révolte juive de 66 à 69, et ces pauvres durent
s'enfuir à Pella, en Arabie, de l'autre côté du Jourdain.
Il y est aussi question de Menahem, le "Consolateur" promis
par ce Messie Fils de Dieu, appelé aussi "Paraclet",
ou "esprit de vérité" dans l'évangile de
Jean XIV, 16. Les Esséniens sont-ils assimilables aux Judéo-chrétiens
du parti de Jacques ?
 Pour
ce qui est de Jésus assimilé à un Essénien
selon les Rouleaux "secrets" de la Mer Morte, on avait spéculé
sur ce fait depuis des siècles, donc avant la découverte
des rouleaux, mais Dupont-Sommer et Massey ont argué le fait que
certains des enseignements présumés de Jésus étaient
en contradiction ou encore inconnus de la doctrine des Esséniens
(les Esséniens n'ont pas cru en la résurrection des corps,
ni en un Dieu fait chair ; ils n'ont pas mentionné le nom de Jésus)
et il demeure difficile d'identifier le "maître de justice"
mentionné par ces écrits à Jésus. Voyons !
Si ce Messie était de sang royal, est-il si bizarre que son nom
n'apparaisse pas une seule fois, dans le contexte de l'époque ?
C'est Emmanuel, mais Jésus est un surnom qui lui aurait été
donné par la suite (Jésus signifiant Sauveur). De même
que le terme “essénien” (signifiant “secret”),
n'est pas mentionné. Rien d'étonnant à cela, c'était
un secret bien gardé ! Les évangiles dont nous disposons
ont été écrits un siècle plus tard, et le
corpus initial a disparu.
La liste
des nombreuses similitudes entre le Maître des "Esséniens"
des écrits de la Mer Morte, antérieurs d'un siècle
aux plus anciens textes évangéliques, et la figure de Jésus
est troublante, (par exemple, dans ces écrits testamentaires publiés
à la Pléïade, il est mentionné 12 disciples
dont 3 prêtres; on pense à Pierre, Jacques et Jean). S'il
est par ailleurs mal perçu par les Religieux que le "Maître
de Justice" et "Messie" de Qumran soit une figure mythique
d'une telle ressemblance avec celle de Jésus-Christ, cela pourrait
être dû au fait que les évangiles canoniques ne sont
pas des témoignages historiques mais des légendes inventées
d'après une source Q. Soixante ans avant, un Maître de Justice
prêcha la doctrine du Christ et fut crucifié comme lui...
- Massey, Christianisme gnostique et historique. (note)
En dehors
des textes de l'Ancien Testament les rouleaux contiennent des textes
dits sectaires du plus haut intérêt. Les Esséniens
et les Nazaréens ou Nazarites (de nazir = prêtre) ont tout
fait pour sauver ceux-ci et les écritures judaïques en leur
possession avant la fin, qui eut lieu en l'an 70. Ils laissèrent
1200 pièces de monnaie sur place, l'argent n'étant pas une
priorité. Comme les Zélotes, ils étaient très
attachés à la Loi mosaïque, ce qui est aussi le cas
de Jésus (selon Matthieu), et Pierre, Jacques et Jean étaient
encore assidus à fréquenter le Temple, selon le livre des
Actes (attribué à Luc). Des parallèles troublants existent
entre eux et la première communauté de chrétiens
de Judée. Si cette communauté judéo-chrétienne
n'avait pas disparue lors de la chute de Jérusalem, puis, si elle
n'avait pas été remplacée par la religion de Paul,
opposée quant à la Loi et à l'esprit, on devine que
les similitudes seraient encore plus flagrantes. C'est Paul qui libère
les chrétiens de la Loi ! Son nom n'est pas prononcé dans
certains épîtres des Apôtres alors qu'il est question
de lui comme étant l'adversaire.
Les Esséniens
observaient rigoureusement la Loi, avec les idéaux de pauvreté
et de charité. C'étaient des dissidents, opposés
aux chefs du Temple, mais se disaient le peuple élu, le vrai Israël.
Il est question d'un Messie, roi et prêtre, du "serviteur souffrant"
en référence à Isaïe, et c'est là que
la vie de Jésus interfère. Les Hymnes (écrits
à la première personne) auraient bien pu être l'uvre
du "serviteur souffrant" tant attendu, de celui qui a souffert
pour le compte de la communauté des saints. Les rouleaux contiennent
en outre des commentaires de la Bible hébraïque, des Prophètes,
en particulier celui d'Habaccuc dont Paul fait usage
pour la justification par la Foi. On se demande encore ce que fut réellement
son chemin de Damas !
Il ne faut
pas oublier que la Fraternité essénienne fonctionne comme
une société initiatique qui confère une initiation
à des connaissances selon une tradition orale secrète très
ancienne. La science essénienne est ésotérique et
spéculative. Les grands initiés ont développé
des pouvoirs spéciaux. On imagine mal la secte répandant
son enseignement à la foule, d'où les réserves de
Jésus envers la foule et ses avertissements à ses compagnons
pour qu'ils tiennent leur langue. D'ailleurs, le secret est le sens étymologique
du mot “essénien”.
Note. Signalons aussi la thèse d'un exégète sur les
Esséniens et leur histoire, dans le site :
http://theologiedelepiscopat.chez-alice.fr/
Une thèse qui conclue : "Le Maître de Justice des Esséniens
n'a pu être qu'Onias III"
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