La polémique, prolongement de l'affaire

Les chrétiens voudraient bien trouver des preuves qui renforcent leurs convictions alors que tout laissait prévoir de profonds changements. Le Pèlerin Magazine (n°5798) affirmait de son côté en janvier 1994 que "plus des 3/4 des manuscrits trouvés dans les grottes avaient déjà été publiés, les textes encore inédits étant pour la plupart des fragments émiettés dont la publication ne saurait tarder." Comme on reprochait au cartel de religieux de ne publier les textes qu'au compte-gouttes, leur directeur, Emmanuel Tov, promit qu'ils seraient tous publiés avant 1997, mais il n'a pas tenu sa promesse. Traditionnellement, Qumran est considéré comme un sanctuaire de la communauté essénienne, où était rédigés ou stocké un grand nombre de textes, dont les fameux manuscrits qui ont été placé dans des jarres à l'abri dans des grottes surplombant la mer Morte lors des guerres des juifs...

La polémique rebondit à propos de la thèse exposée par Israël Knohl dans son livre : L'autre Messie (Albin Michel éd.). Directeur du département biblique de l'Université hébraïque de Jérusalem, son point de vue juif lui permet de faire remarquer que Jésus n'est pas le seul Messie d'Israël, et de mettre à jour l'existence de Menahem, l'autre Messie ou Paraclet dont il est question dans les fameux manuscrits. Ce Paraclet (Messie) annoncé par Jésus comme le Consolateur (sens du nom Menahem) dans l'évangile selon Jean, est aussi mentionné par Luc parmi les prophètes venus fonder la communauté d'Antioche. Mais, on ne sait pourquoi, I. Knohl fait venir Menahem avant Jésus. Si Paul et Barnabé lui reconnaissent une grande autorité c'est qu'il est associé à l'"esprit de vérité". On conçoit qu'il ait pu être "l'autre Paraclet" dont parle Jésus, consolateur des affligés et rédempteur tel le "Serviteur souffrant" d'Isaïe 53, ce qu'on retrouve justement dans les Hymnes. Mais si cet "esprit saint" est assimilé à Menahem, celui qui mena la révolte juive quelques temps après la mort de Jésus, le mystère du Saint-Esprit s'éclaircit, et l'on devine que la naissance de Jésus par l'opération du Saint-Esprit cache une vérité plus "réelle". Suivant l'évangile, Jésus a eu 2 sœurs et 4 frères ; il était l'ainé et il semble que son père soit mort lors de la révolte du recensement. La "vierge" marie n'est pas restée vierge longtemps. De plus, les fameux "anges" sont peut-être des messagers, des jeunes gens qui sont employés pour faire circuler le courrier parce qu'ils courent vite et qu'on peut leur faire confiance pour acheminer les messages divins. Il ne faut pas oublier que la Fraternité essénienne fonctionne comme une société initiatique qui confère une initiation à des connaissances selon une tradition orale secrète très ancienne. La science essénienne est ésotérique et spéculative. Les grands initiés ont développé des pouvoirs spéciaux. On imagine mal la secte répandant son enseignement à la foule, d'où les réserves de Jésus envers la foule et ses avertissements à ses compagnons pour qu'ils tiennent leur langue.Cliquer pour agrandir

Mais, en 2005, la revue Sciences et Avenir publie le résultat de recherches de deux archéologues israéliens prétendant rapporter la véritable histoire de Qumran. Le monastère ne serait qu'une fabrique de poterie et n'aurait pas été le foyer religieux des Esséniens, auteurs des manuscrits de la mer Morte. Il semble bien que ce point de vue faisant abstraction des nombreuses publications forts avisées, ont délibérément essayé de récupérer l'affaire à des buts politiques et le trésor spirituel de Qumran devient pour eux un sanctuaire de potiers.
La manipulation de l'histoire, et de l'histoire ancienne en particulier, assez fréquente en Israël, est-elle une manœuvre politique, soit pour défendre l'idée que la Palestine leur appartient depuis toujours, soit dans un but intéressé, plus ou moins commercial, pour attirer les touristes ou les pèlerins ? On se le demande.

Enquête sur le détournement des manuscrits de la mer Morte


Note : Il est écrit dans le Livre des Actes, XIII, 1-2, que Saul fut élevé chez Hérode Agrippa, avec Menahem. Ce fait devrait troubler les chrétiens. Mais, à la messe, on ne lit que des extraits choisis du Nouveau Testament.

 

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